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JEAN TALON, INTENDANT

1672 ; il en fut envoyé quatorze en 1669, treize en 1670 ; et probablement autant en 1671. De sorte que de 1665 à 1672, le Canada reçut de France environ quatre-vingts chevaux et cavales. Ces animaux se multiplièrent rapidement. Vingt ans plus tard, en 1692, il y en avait quatre cents dans la colonie ; en 1695, cinq cent quatre-vingts, en 1698, six cent quatre-vingt-quatre[1]. Et en 1709, il y en avait un si grand nombre que l’intendant Denis Raudot publiait une ordonnance pour restreindre la multiplication excessive de la race chevaline[2].

Les chevaux expédiés de 1665 à 1672 étaient distribués aux principaux habitants. Ceux-ci devaient les garder et les nourrir pendant trois ans. À l’expiration de trois années, ils pouvaient les vendre ainsi que les poulains nés durant ce terme, mais à charge de remettre au receveur de Sa Majesté un poulain pour chaque cheval, ou cent livres. Si l’un des chevaux ou des cavales qu’ils avaient reçus venait à mourir par leur faute pendant les trois ans, ils étaient tenus de verser deux cents livres entre les mains du receveur. Enfin, les poulains, remis à cet officier, nourris et élevés aux frais du roi, devaient être distribués, lorsqu’ils auraient trois ans à d’autres particuliers qui prendraient les mêmes engagements[3]. C’était le moment où Colbert s’occupait beaucoup de la reconstitution des haras en France, et l’on

  1. — Recensements de 1692, 1695, 1698. (Volume IV du Recensement de 1870-71).
  2. Édits et Ordonnances, vol. II, p. 273.
  3. État de la distribution des cavales envoyées de France. Collection Moreau de St-Méry, Canada, vol. II, (1670-1676).