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DE LA NOUVELLE-FRANCE

écus (150 livres) à chaque sergent, ou cent livres avec les vivres d’une année, à son choix également[1]. Les officiers qui s’établirent ici reçurent des gratifications considérables. Nommons les capitaines de Contrecœur, de St-Ours, de Sorel, Dugué de Boisbriant, les lieutenants Gaultier de Varennes, et Margane de la Valtrie, les enseignes Paul Dupuis, Bécard de Grandville, Pierre Mouet de Moras, François Jarret de Verchères.

L’établissement au pays de ces officiers et de ces soldats, joint à l’actif mouvement d’immigration qui se manifesta de 1665 à 1668, ne pouvaient manquer d’accroître sensiblement la population de la colonie. D’après le premier recensement fait sous les auspices de Talon au commencement de 1666, elle était de 3,215 âmes ; et le nombre de familles était de 533. Suivant un relevé officiel, en 1668 le nombre de familles s’élevait à 1,139, et le chiffre de la population à 6,282, y compris 412 soldats devenus habitants du pays[2]. En moins de trois ans, le nombre des familles avait presque doublé[3], et

  1. — Relation de 1668, p. 3.
  2. Supplément - Richard, 1899, p. 238 ; Recensement de 1870-71, vol. IV, p. 8. — État en abrégé du nombre des familles, des personnes qui les composent, et des hommes capables de porter les armes, du dénombrement des terres découvertes, de ce qu’a produit la récolte, et des bestiaux de Canada, en l’année 1668. (Arch, prov., Man. N. F., 1ère série, vol. I).
  3. — Ceci peut paraître extraordinaire, mais quand on songe aux conditions dans lesquelles cette augmentation se produisit, on n’en est pas étonné. Les « filles du roi » venaient ici pour s’établir ; les jeunes gens étaient encouragés de toutes manières à contracter mariage. « Les vaisseaux ne sont pas plus tôt arrivés, écrivait en 1669 la Mère de l’Incarnation, que les jeunes hommes y vont chercher des femmes,