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JEAN TALON, INTENDANT

nouveau comme celui-ci. Au commencement ils vivaient de leurs grains, de leurs légumes et de leur chasse, qui était abondante en hiver. Et pour le vêtement et les autres ustensiles de la maison, ils faisaient des planches pour couvrir les maisons, et débitaient du bois de charpente qu’ils vendaient bien cher. Ayant ainsi le nécessaire ils commençaient à faire trafic, et de la sorte ils s’avançaient peu à peu. » Talon donnait généralement comme aide aux filles venues ici pour contracter mariage, outre « quelques subsistances, » la somme de cinquante livres, monnaie du Canada, en denrées propres à leur ménage.

Chaque personne que le roi, par l’intermédiaire de la compagnie, faisait passer au Canada, lui coûtait cent livres. Voici comment se décomposait cette somme, d’après les états présentés à Colbert. Pour la levée, ou en d’autres termes pour le recrutement des émigrants, 10 livres ; pour leurs hardes, 30 livres ; et pour leur passage, 60 livres. Suivant un document officiel que nous avons sous les yeux, 978 personnes avaient ainsi passé au Canada de 1665 à 1668, y inclus 35 engagés envoyés par la compagnie à son compte en 1666[1].

  1. — Nous avons puisé les renseignements qui précèdent dans la pièce très importante intitulée : Observations faites par Talon sur l’état présenté à Mgr Colbert par la compagnie des Indes Occidentales portant l’emploi des deniers fournis par le roi pour faire passer en Canada. (Arch. prov. Man. N.-F., 2ème série, vol. II).

    Il n’est pas hors de propos de mentionner ici que les frais encourus pour la levée et le passage de bon nombre des hommes de travail ou engagés transportés par la compagnie furent remboursés par les habitants du pays qui prirent à leur service ces engagés. Ces remboursements s’élevèrent à une