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DE LA NOUVELLE-FRANCE

1665 la compagnie des Indes Occidentales avait fait passer au pays pour le compte du roi 429 hommes et 100 filles[1].

En 1667, elle fit passer 184 hommes et 92 filles[2]. En 1668 elle fit passer 244 personnes des deux sexes[3]. Le roi, le ministre et l’intendant désiraient par-dessus tout multiplier ici le nombre de familles. Et l’événement couronnait leur désir, car les mariages étaient à l’ordre du jour. En 1665, la mère de l’Incarnation écrivait que les cent filles arrivées cette année étaient « quasi toutes pourvues. » En 1667 elle disait : « Il est venu cette année quatre-vingt-douze filles de France qui sont déjà mariées pour la plupart à des soldats et à des gens de travail. » On donnait à ceux-ci une habitation et des vivres pour huit mois, afin qu’ils pussent défricher des terres pour s’entretenir. La même correspondante, dont les lettres sont une source si précieuse d’informations, nous apprend que lorsqu’une famille commençait une habitation, « il lui fallait deux ou trois années avant que d’avoir de quoi se nourrir, sans parler du vêtement, des meubles et d’une infinité de petites choses nécessaires à l’entretien d’une maison ; mais ces premières difficultés étant passées, ils commençaient à être à leur aise, et s’ils avaient de la conduite, ils devenaient riches avec le temps, autant qu’on le peut être dans un pays

  1. Lettres de la Mère de l’Incarnation, II, p. 313 ; Journal des Jésuites, p. 335 ; Observations faites par Talon sur l’état présenté à M. Colbert, etc. :
  2. Lettres de la Mère de l’Incarnation, II, p. 352 — Journal des Jésuites, p. 356 Observations faites par Talon, etc.
  3. Lettres de la Mère de l’Incarnation, II, p. 401. — Observations faites par Talon, etc.