Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
283
DE LA NOUVELLE-FRANCE

En lisant la correspondance de Talon, nous constatons combien il avait à cœur de développer le commerce de la Nouvelle-France. L’un de ses projets favoris était d’établir un mouvement d’échanges entre la mère-patrie, les Antilles et le Canada. Les vaisseaux de La Rochelle, de Dieppe et du Havre, après avoir débarqué ici leurs marchandises, prendraient à Québec, en chargement, des produits du pays qu’ils porteraient aux îles françaises, et là ils embarqueraient des cargaisons de sucre pour la France. Dans sa lettre du 27 octobre 1667, Talon informait Colbert qu’il s’était mis en société avec un marchand pour expédier aux Antilles par un vaisseau de la compagnie, qui retournait en France via les îles, du saumon, de l’anguille, de la morue verte et sèche, des pois blancs, des planches, du merrain, de l’huile de loup-marin, et quelques mâtereaux qu’on disait y être recherchés, pour faire « des épreuves et ouvrir le chemin au commerce que les habitants du Canada n’ont pas encore trouvé. » C’était là vraiment un fait important. L’établissement de relations commerciales suivies entre le Canada et les Antilles ne pouvait manquer d’être très avantageux à la colonie.

Le 12 novembre 1666, Talon écrivant à Colbert le priait de lui accorder, à telles conditions qui lui plairaient, deux chaudières de brasserie envoyées ici par M. Colbert de Terron, intendant de marine à La Rochelle. « Soit que je parte, soit que je demeure, disait-il, je ferai de mes deniers la dépense de la brasserie qu’il faut bâtir pour les placer, et cela me sera de quelque utilité. » Par l’arrêt du Conseil Souverain rendu le 5 mars 1668, que nous avons mentionné dans un précédent chapitre, l’intendant était requis « de se donner la peine de con-