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JEAN TALON, INTENDANT

Ce que nous venons d’étudier, c’est ce que l’on pourrait appeler le budget ordinaire de la Nouvelle-France. Mais il y avait en outre un budget extraordinaire, dont le roi fournissait le fonds, sur lequel devaient être prises les dépenses pour la construction des forts, des bateaux destinés à transporter les troupes, pour les expéditions de guerre, pour certaines gratifications spéciales, etc. Le chiffre de ce budget variait suivant les nécessités du moment, et aussi suivant la condition des finances royales. En 1665 il fut de 20,000 livres ; en 1667 encore de 20,000 livres ; en 1668 de 37,500 livres. En 1666 il n’y eut pas de recettes extraordinaires[1], mais Talon s’en dédommagea, comme on l’a vu plus haut par sa lettre à Colbert, en absorbant tout le revenu des droits, et même le produit du 10 pour cent. Pour cette période de quatre ans le roi avait donc consacré 77,500 livres au budget extraordinaire de la Nouvelle-France. Comment avait été dépensée cette somme ? Nous pouvons l’indiquer d’une manière précise, sans toutefois déterminer absolument la proportion de dépenses imputable à chaque exercice annuel. Le régime de la spécialité des budgets et de la rigoureuse distinction des exercices n’était pas encore commencé pour le Canada. Ne subit-il d’ailleurs aucune atteinte de nos jours ?

En 1665, l’intendant affecta 6,000 livres au fret et au transport de vivres, vêtements, ustensiles des troupes dans les postes. En 1666, il eut à payer 4,500

  1. — « Vous pouvez, Monseigneur, juger quelles peuvent être les autres dépenses du Canada, pour lesquelles je n’ai pas reçu un sou cette année. » (Talon à Colbert, 13 novembre 1666).