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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Colbert qu’on l’avait mal informé ; qu’au lieu de 20,000 livres, c’était 46,500 livres, c’est-à-dire le produit entier du bail de la ferme, qui avaient été affectées aux dépenses du pays en 1664-1665, outre 30,000 à 40,000 livres de fonds extraordinaires fournis par le roi. Telle était la situation quand il était arrivé au Canada. Et durant les deux premières années de son administration, il n’avait pu faire autrement que d’absorber tout le revenu du bail des droits, comme cela se faisait avant lui. Dès l’automne de 1666, il en avait informé le ministre. « Je me suis trouvé nécessité, lui avait-il dit, d’employer la même somme du produit de la ferme que le Conseil employait les années précédentes, tant pour acquitter les pensions et charges indispensables du pays que pour les autres dépenses pour le service du roi et la conservation de la colonie. J’ai même été obligé d’employer à cet effet le fonds du droit de dix pour cent qui s’est trouvé reçu[1]. » En 1666-1667, Talon avait également dépensé pour le service public la même somme de 46,500 livres. Mais à partir de 1667, il promettait à Colbert de réduire ces dépenses à la somme de 36,000 livres conformément aux instructions du ministre. Par sa fermeté il avait toujours gagné pour la colonie 6,800 livres de plus que M. Le Barroys ne voulait payer. Le revenu ordinaire de la Nouvelle-France, assigné sur le fonds du pays, ou en d’autres termes, sur la recette des droits et la ferme de Tadoussac, se trouvait donc fixé à 36,000 livres par année.

On peut avoir une idée du budget de l’époque en

  1. — Lettre de Talon au ministre, 13 novembre 1666 — Arch. féd. Canada, corr. gén., vol. II.