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DE LA NOUVELLE-FRANCE

auquel les droits avaient été ci-devant affermés. Ce prix n’aurait donc été que de 44,950 livres. Or des pièces officielles établissaient qu’en 1660 la compagnie Rozée avait affermé les droits et la traite de Tadoussac pour une somme de 50,000 livres[1], que le 4 mars 1663, dix-sept associés les avaient affermés au même prix[2], et que, le 23 octobre de la même année, cette recette avait été adjugée à M. Charles Aubert de la Chesnaye sur une enchère finale de 46,500 livres[3]. Le trafic et la traite étant maintenant mieux protégés par suite des secours venus de France, la recette des droits devait être plus fructueuse, et cette augmentation probable dans le rendement justifiait une demande d’augmentation corrélative dans la contribution aux charges publiques.

La prétention de Talon était juste ; cependant il ne fit triompher ses vues que partiellement. La compagnie des Indes Occidentales, comme celle des Indes Orientales, était l’œuvre de Colbert ; il en attendait de grands résultats pour le développement du commerce maritime et le progrès colonial ; il lui avait fait conférer de vastes privilèges, et tenait à lui assurer toutes les chances possibles de réussite. Ce fut sous l’empire de cette prédisposition qu’il répondit à Talon, le 5 avril 1667 : « Quant au produit de la ferme du droit qui se lève sur les castors, et du dixième des orignaux, je comprends bien que par l’action des troupes et l’occasion de la guerre que l’on a portée jusques aux habitations des

  1. Articles accordés entre René Robineau, écuyer, sieur de Bécancourt, et Toussaint Guenet. — Man. N. F., Arch. prov., 2ème série, vol. I.
  2. Jugements du Conseil Souverain, vol. I, p. 10.
  3. Ibid, p. 40.