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DE LA NOUVELLE-FRANCE

les leçons et les exemples que nous offrent les écrits de ces hommes vertueux qui, après de longues et sérieuses études, livrés tout entiers à des devoirs sévères, trouvaient naturellement dans une vie modeste et retirée, loin du monde et de ses plaisirs, et dans la société d’amis aussi graves qu’eux-mêmes, ces pensées fortes, ces sentiments généreux, ces habitudes d’ordre et cette vénération pour les lois dont ils étaient les organes. »

Cependant la gloire de ces hommes éminents n’est pas sans ombres. Comme la plupart des légistes et des parlementaires de cette époque, Omer et Denis Talon étaient imbus des principes gallicans et mirent souvent leur passion antiultramontaine au service de l’absolutisme royal. Dans son Manuel de droit public ecclésiastique français, M. Dupin cite le passage suivant d’un réquisitoire prononcé par Omer Talon en 1647 : « Nous ne reconnaissons point en France l’autorité, la puissance ni la juridiction des congrégations qui se tiennent à Rome ; le Pape peut les établir comme bon lui semble dans ses États, mais les décrets de ces congrégations n’ont point d’autorité ni d’exécution dans le royaume. » C’était refuser au Souverain Pontife le droit d’utiliser les lumières, le travail, la collaboration précieuse du corps cardinalice dans le gouvernement de l’Église universelle. « Lors de la querelle entre Louis XIV et Innocent XI au sujet de la franchise des quartiers de l’ambassade de France à Rome, Denis Talon, sincère gallican comme son père, donna des conclusions contraires à la cour de Rome »[1]. Dans cette circon-

  1. Biographie universelle, vol. 44, p. 855.