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DE LA NOUVELLE-FRANCE

qu’il lui était interdit de presser sa débitrice. En conséquence il demandait, lui aussi, du délai. Cela tournait au cercle vicieux. L’imbroglio se termina par une sentence condamnant Marguerite Lebeuf à payer trente livres par mois à Jean Frouin ou à son acquit, jusqu’à parfait remboursement[1]. Cette femme Lebeuf avait, paraît-il, une réputation douteuse, et sa maison était mal notée. Des informations avaient même été commencées contre elle à ce sujet.

La police des mœurs se faisait alors avec une grande sévérité. Les registres du Conseil nous en fournissent une foule d’exemples. Le 20 août 1667, en présence de MM. de Tracy, de Courcelle, Talon et de Mgr de Laval, le procureur général, averti qu’il « se commet plusieurs actions de scandale par quelques femmes et filles », soumet que la punition de quelques-unes serait un avertissement salutaire à leurs imitatrices, et que la femme de Sébastien Langelier, étant une des plus scandaleuses, il serait à propos d’en faire justice. Un conseiller fut nommé conséquemment pour vaquer aux informations nécessaires. À plusieurs reprises le Conseil condamna certaines personnes de mauvaise vie à des peines sévères.

La répression des crimes et des délits était très rigoureuse. Nous voyons que, pour un vol commis la nuit dans le jardin de l’Hôtel-Dieu, l’intendant Talon condamna, le 10 novembre 1665, Pierre Nicolas dit Lavallée à recevoir l’impression d’une fleur de lys avec le fer

  1. — Depuis notre code civil, un tel arrêt serait impossible, car l’article 1149 dit : « Le tribunal ne peut dans aucun cas, ordonner, par son jugement, qu’une dette actuellement exigible soit payée par versements, sans le consentement des créanciers. »