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JEAN TALON, INTENDANT

reur général, le Conseil permit aux habitants de s’assembler « au son de la cloche » pour procéder devant le lieutenant civil à l’élection d’un syndic. Le 20 mars, l’assemblée eut lieu et Jean Le Mire, maître charpentier, fut élu. Il occupa cette charge pendant un grand nombre d’années.

On voit souvent intervenir ce porte-parole des habitants auprès du Conseil Souverain, pour se plaindre des prix exigés par les marchands. Dès le temps de M. d’Avaugour il avait été établi un tarif commercial auquel ces derniers étaient tenus de se conformer sous peine d’amende. Ils n’étaient point libres de vendre leurs marchandises au prix qui leur convenait, mais il leur fallait se conformer à l’échelle de prix fixée par l’autorité du gouverneur ou du Conseil. Le tarif adopté le 30 juin 1664 accordait aux marchands en sus du prix coûtant, 55 pour cent sur leurs marchandises sèches[1], 100 pour cent « sur les liquides qui seront de plus de valeur », et 120 pour cent sur ceux dont le prix n’excédait pas cent livres par tonneau ; le prix coûtant de France devant être établi « sur les factures des habitants et marchands auxquels il sera venu cette année des marchandises, et qui se trouveront les plus raisonnables au prix de l’achat »[2]. En 1666 on en promulgua un nouveau par lequel, entre autres dispositions, le prix de la barrique de vin de Bordeaux était fixé à 80 livres, et celui de la livre de tabac du Brésil à 40 sous. En

  1. — Quelque lecteur remarquera peut-être les mots « marchandises sèches » employés ici. Cette expression, constamment usitée dans les écrits et documents de cette époque, n’est donc pas un anglicisme, traduction de « dry goods », comme on l’a prétendu.
  2. Jugements du Conseil Souverain, I, p. 222.