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JEAN TALON, INTENDANT

plusieurs années n’y étaient point portés. Ainsi Louis Garnault se maria à Québec en 1662, et il ne figure que dans le recensement de 1667. Il en est de même pour Pierre Parent, qui s’était marié à Québec en 1654. Bourasseau, marié en 1665, ne figure ni sur le recensement de 1666 ni sur celui de 1667, mais il paraît à la côte de Lauzon en 1681 ; les deux frères Lemieux, Pierre et Gabriel, mariés en 1647 et en 1658, ne figurent ni l’un ni l’autre dans le recensement de 1666 etc., etc. »[1]. M. J.-Edmond Roy, signale de son côté beaucoup de lacunes dans les recensements de 1666 et de 1667, en ce qui concerne la seigneurie de Lauzon. Vingt colons de cette seigneurie sont omis dans celui de 1666 ; et celui de 1667 compte encore une dizaine d’omissions[2].

Avant de clore ce chapitre, nous croyons que c’est ici le lieu de relater un incident qui se produisit à la suite du recensement de l’île de Montréal, fait par M. Talon lui-même, au printemps de 1667. On a vu qu’il parcourut alors les habitations pour s’enquérir des besoins et des griefs de chacun. Or, il y avait en garnison à Villemarie un capitaine du régiment de Carignan qui faisait la terreur de la population. Officier supérieur dans les troupes, neveu du colonel de Salières, le sieur de la Frédière profitait de son autorité pour tyranniser les faibles et assouvir ses honteuses passions. Épris de la femme d’un nommé Jaudoin, colon et charpentier, il avait imposé injustement à ce dernier une corvée de dix-neuf jours, afin de le tenir éloigné de son logis et d’avoir ainsi le champ libre pour ses entreprises criminelles. Dans une autre occasion il avait fait emprison-

  1. — E. Rameau, La France aux colonies, Paris, 1859, p. 285.
  2. — J. Edmond Roy, Histoire de la seigneurie de Lauzon, vol. I, pp. 161, 167.