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JEAN TALON, INTENDANT

une troisième année au Canada. Le ministre l’invitait à presser M. de Courcelle de faire une nouvelle campagne contre les Iroquois l’été suivant. Il l’informait que le régiment de Carignan-Salières et les quatre compagnies de Champbelle, de Poitou, d’Orléans et de Broglie resteraient encore un an dans la colonie, et lui conseillait d’aider les soldats à s’établir et à se marier, en leur fournissant des habitations dans ses trois villages. Cette année, quatre cents hommes et cinquante filles seraient envoyés au Canada. On expédierait aussi douze cavales et deux étalons. Colbert encourageait Talon à disposer encore de nouvelles habitations. Il avait conçu le projet de lever deux ou trois cents Suisses dans les cantons catholiques pour fortifier la colonie. Au sujet de l’Église, le ministre écrivait qu’il fallait appuyer ceux qui ont l’autorité spirituelle. « Mais, ajoutait-il, cette considération et ces égards doivent aussi avoir leurs bornes et ne s’étendre que sur les matières qui concernent la discipline ecclésiastique et la conduite des consciences, la connaissance des affaires temporelles étant naturellement réservée aux officiers et magistrats préposés pour les administrer. »

Colbert signalait ensuite l’importance qu’il y avait à mettre « le fort de Québec en état de défense, en y faisant une fortification régulière et le garnissant d’une bonne artillerie et de toutes sortes de munitions de guerre, en sorte que non seulement il ne puisse être insulté, mais même qu’il puisse faire une vigoureuse défense, quand même les nations de l’Europe les plus aguerries y feraient un siège formel. » Le manque de ressources devait retarder longtemps la mise à exécution de cette idée.