Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
JEAN TALON, INTENDANT

au dehors, est fort réglée, et peut servir de bon exemple et d’un bon modèle aux séculiers qui la peuvent imiter : mais comme ceux qui composent cette colonie ne sont pas tous d’égale force, ni de vertu pareille, ou n’ont pas tous les mêmes dispositions au bien, quelques-uns tombent aisément dans leur disgrâce pour ne pas se conformer à leur manière de vivre, ne pas suivre tous leurs sentiments, et ne s’abandonner pas à leur conduite qu’ils étendent jusque sur le temporel, empiétant même sur la police extérieure qui regarde le seul magistrat.

« On a lieu de soupçonner que la pratique dans laquelle ils sont, qui n’est pas bien conforme à celle des ecclésiastiques de l’ancienne France, a pour but de partager l’autorité temporelle qui, jusques au temps de l’arrivée des troupes du roi en Canada, résidait principalement en leurs personnes. À ce mal qui va jusques à gêner (gehenner) et contraindre les consciences, et par là dégoûter les colons les plus attachés au pays, on peut donner pour remède l’ordre de balancer avec adresse et modération cette autorité par celle qui réside dans les personnes envoyées par Sa Majesté pour le gouvernement : ce qui a déjà été pratiqué ; de permettre de renvoyer un ou deux ecclésiastiques de ceux qui reconnaissent le moins cette autorité temporelle, et qui troublent le plus par leur conduite le repos de la colonie, et introduire quatre ecclésiastiques entre les séculiers ou les réguliers, les faisant bien autoriser pour l’administration des sacrements, sans qu’ils puissent être inquiétés ; autrement ils deviendraient inutiles au pays, parce que s’ils ne se conformaient pas à la pratique de ceux qui y sont aujourd’hui, M. l’évêque leur défendrait d’administrer les sacrements. Pour être mieux informé