altération, en 1667, au moment où ce dernier retournait en France ? Nous n’oserions l’affirmer. Sans doute Talon continuait à respecter ce caractère loyal et honnête. Mais l’attitude de M. de Tracy dans ses relations avec le pouvoir ecclésiastique avait peut-être refroidi l’intendant à son endroit. C’est, nous semble-t-il, ce que l’on peut inférer d’une lettre écrite par Talon à Colbert le 26 août 1667. Il y mettait le ministre en garde contre les informations que lui donnerait le lieutenant-général au sujet de l’Église. « Parce que, disait-il, ce qui vous sera dit en premier lieu par M. de Tracy retournant en l’ancienne France sur l’état général du Canada peut vous donner des premières impressions qui, suivies, pourraient vous déterminer à quelques ordres ou règlements préjudiciables au service du roi dans l’établissement de cette colonie, je me sens obligé de vous supplier très humblement de suspendre, jusqu’à l’arrivée de mon secrétaire, votre créance sur ce qui vous sera avancé touchant l’Église, dont l’autorité, bien loin d’être diminuée, a repris de nouvelles forces et s’est rendue si redoutable qu’on n’ose assurer que tandis qu’elle demeure au point où je la vois, vous, Monseigneur, et ceux qui auront l’honneur de servir ici sous vos ordres auront beaucoup de peine à faire valoir les bonnes intentions de Sa Majesté, pour l’augmentation de cette colonie, qui sera toujours beaucoup retardée par la crainte que l’Église a fait naître de son gouvernement, qu’on peut dire être trop souverain et s’étendre au delà de ses bornes[1]. » Évidemment l’intendant avait sur le cœur l’affaire de la Sainte-Famille, dans laquelle
- ↑ — Arch. féd., Canada, corr. gén., vol. II.