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DE LA NOUVELLE-FRANCE

vre admirable d’éducation et d’apostolat à laquelle elle avait consacré sa vie.

Parmi les citoyens les plus notables, on remarquait les sieurs Zacharie Dupuy, major de l’île ; Charles d’Ailleboust, juge seigneurial ; Jean-Baptiste Migeon de Bransac, procureur fiscal ; Louis-Artus Sailly, qui avait été pendant quelque temps juge royal[1] ; Bénigne Basset, à la fois greffier de la justice seigneuriale, notaire et arpenteur ; Charles Lemoyne, trésorier du roi, militaire, interprète, défricheur, père de plusieurs fils qui ont illustré leur nom, entre autres du célèbre Iberville, et de Charles Lemoyne, dont les grands

  1. — La compagnie de Montréal, en acquérant la seigneurie de l’île, avait été investie du droit de nommer le gouverneur et d’établir des tribunaux de première instance. Et elle avait transmis tous ces droits au séminaire de Saint-Sulpice. Cependant lorsque le Conseil Souverain fut créé en 1663, l’édit de création lui donna le pouvoir d’établir des juges à Québec, à Montréal et aux Trois-Rivières. M. de Mésy et Mgr  de Laval, à qui le roi avait conféré la plus grande autorité, nommèrent le sieur Artus Sailly juge royal en la sénéchaussée de Montréal, le sieur Charles Lemoyne, procureur du roi, et le sieur Bénigne Basset, greffier et notaire ; et ces nominations furent ratifiées par le Conseil. (Jugements et délibérations du Conseil Souverain, I, p. 33). M. de Mésy donna aussi des provisions de gouverneur à M. de Maisonneuve, qui l’était déjà, par lettres de la compagnie, depuis plus de vingt ans. Le séminaire de Saint-Sulpice protesta, et pour appuyer ses remontrances, il nomma M. Charles d’Ailleboust des Musseaux juge seigneurial, et maintint Bénigne Basset comme greffier de son tribunal. Le gouverneur et l’évêque nommèrent alors le sieur Nicolas de Mouchy greffier et notaire royal. Pendant quelque temps, deux juridictions coexistèrent à Villemarie, la royale et la seigneuriale. Il y eut à ce sujet une longue controverse. Finalement, en 1666, M. Talon rétablit les Messieurs de Saint-Sulpice en la possession incontestée de leur droit de justice. Et la sénéchaussée de Montréal cessa d’exister. (Insinuations du Conseil Souverain, vol. A, No 1, folio 26).