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JEAN TALON, INTENDANT

humble, le berceau de la populeuse et florissante cité, dont le Canada est aujourd’hui si fier. En 1667, Montréal n’avait pas encore d’église paroissiale. La chapelle de l’hôpital en tenait lieu, et c’était dans cet étroit local de 50 pieds sur 30 que les solennités du culte public étaient célébrées, en cette ville destinée à devenir un jour si justement remarquable par la multitude et la magnificence de ses temples.

Le clergé se composait de cinq prêtres, tous sulpiciens : M. Souart, supérieur, M. Giles Pérot, curé, MM. Galinier, Barthélémy et Trouvé. Les Messieurs de Saint-Sulpice étaient établis à Montréal depuis 1657, et ils avaient acquis la seigneurie de l’île en 1663.

À l’Hôtel-Dieu, la vénérable Mère Macé, supérieure, avait sous sa direction cinq religieuses. Ces hospitalières appartenaient à l’institut St-Joseph, de la Flèche. Elles étaient venues en 1659 prendre la direction de l’hôpital, fondé dès 1644 par Madame de Bullion[1] et Mademoiselle Mance. Le nom de cette sainte fille, arrivée au Canada en même temps que M. de Maisonneuve, en 1642, est glorieusement et à jamais lié aux annales primitives de Villemarie. Elle était administratrice des biens de l’Hôtel-Dieu, et résidait dans une maison adjacente.

Montréal possédait une autre communauté de femmes, l’institut de la Congrégation de Notre-Dame, fondé par la Vénérable Marguerite Bourgeois en 1659. Trois sœurs, qu’elle avait embrasées de son zèle, l’aidaient dans l’œu-

  1. — Madame de Bullion, en différentes fois, donna 66,000 livres pour cette œuvre. (Vie de Mlle Mance, I, pp. 35 et 46). Mademoiselle Mance donna son dévouement, son zèle, la flamme de sa charité, toutes les énergies de sa belle âme.