Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
JEAN TALON, INTENDANT

l’ensemble des circonstances, qu’elle ne fut pas parfaitement favorable aux vues et aux désirs du vicaire apostolique.

Les fausses démarches auxquelles certains préjugés pouvaient entraîner parfois M. Talon, ne doivent pas faire perdre de vue les immenses services qu’il rendait d’autre part à la colonie. Son activité était incessante. Au printemps de cette année 1667, il s’était rendu à Montréal, qu’il n’avait pas encore visité depuis son arrivée au Canada. Ce ne fut point là un voyage de simple parade. L’intendant ne se borna pas à recevoir les hommages des officiers publics, des communautés et des citoyens, en compagnie de M. de Tracy[1]. Il voulut se renseigner à fond sur la situation de ce gouvernement particulier. On le vit avec étonnement et admiration s’imposer la tâche de parcourir toute l’île de Montréal, s’arrêter dans chaque habitation, répandant partout l’encouragement et souvent des secours efficaces. M. Dollier de Casson écrit à ce propos : « M. Talon y monta aussi quasi dans le même temps (que M. de Tracy), tant pour le même sujet[2] que pour y exercer en qualité d’intendant toutes les fonctions que le service du roi pouvait exiger de sa personne, lequel (il) fit à la satisfaction d’un chacun et à l’édification de tout le public qui le vit marcher de maison en maison suivant les côtes de cette île, afin de voir jusqu’au plus pauvre

  1. — « Le 4 mai, Mons. de Tracy s’embarque pour monter à Montréal. Le 6, M. l’intendant monte aussi à Montréal. » (Journal des Jésuites, p. 354).
  2. — « Afin de se faire connaître aux sauvages, comme étant le lieu le plus avancé du fleuve où ils se rendent le plus communément. » (Dollier de Casson).