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DE LA NOUVELLE-FRANCE

l’édit de 1663, en ce qui concernait les dîmes, resta lettre morte jusqu’en 1667. « Lorsque M. de Tracy fut arrivé au Canada, Mgr  de Laval le pria de mettre en vigueur la loi de la dîme telle qu’approuvée par le roi en 1663. Le vice-roi, qui montra toujours de si bienveillantes dispositions envers l’Église, donna immédiatement un ordre en conséquence, et le fit communiquer aux habitants du pays par leurs syndics[1]. » L’opposition des habitants n’en fut point découragée. Enfin, après de nouvelles délibérations, et du consentement de l’évêque, MM. de Tracy, de Courcelle et Talon rendirent une ordonnance en date du 23 août 1667, par laquelle la dîme était fixée au vingt-sixième, pour vingt ans seulement. Nous citons le texte même : « Nous, en vertu du pouvoir à nous donné par Sa Majesté, avons ordonné et ordonnons que les dîmes de quelque nature qu’elles puissent être, tant de ce qui naît en Canada par le travail des hommes (bien entendu que les termes employés dans la présente ordonnance : tant de ce qui naît en Canada par le travail des hommes, ne pourront s’entendre sur les manufactures ou les pêches, mais seulement sur les productions de la terre aidées par le travail et l’industrie des hommes), que de ce que la terre produit d’elle-même, se lèveront au profit des ecclésiastiques qui desserviront les cures, sur le pied de la vingt-sixième portion, par provision et pour le temps présent, sans préjudice à l’édit ci-devant mentionné, ni aux temps futurs, auxquels l’état du pays pourra souffrir sans peine une plus forte imposition, pareille même, si le besoin de l’Église le requiert, à celle que reçoivent

  1. Vie de Mgr  de Laval, par l’abbé Gosselin, vol. I, p. 404.