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DE LA NOUVELLE-FRANCE

des insinuations du Conseil Souverain, l’inscription suivante fut ajoutée : « Rayé du consentement de M. l’intendant… Tracy, Courcelle, Talon. » En même temps l’on bâtonnait toute la pièce et l’on raturait à outrance les deux lignes du début.

L’incident était clos. Mais il laissa des traces, et, vingt-sept ans plus tard, il se répercutait au milieu d’un conflit entre M. de Frontenac et Mgr de Saint-Vallier. Ce prélat ayant publié un mandement au sujet de la représentation de certaines comédies, le gouverneur présenta au Conseil un écrit imité de celui de Talon, et contenant des conclusions analogues. Voici ce qu’on lit à ce propos dans une lettre du procureur général d’Auteuil au ministre, en date du 26 octobre 1694 : « Il (Frontenac) se plaint d’un autre mandement fait par monsieur l’évêque au sujet de quelques comédies. M. le gouverneur concluait par cet écrit qu’il lui en fût donné acte et qu’on nommât deux conseillers pour informer des désordres qui auraient pu se trouver dans les comédies qu’il avait fait jouer les années précédentes et la présente, et s’il y avait eu des personnes qui eussent joué ou voulu faire jouer des comédies impies ou impures, et que le tout se ferait sur des mémoires qui seraient fournis aux dits conseillers commissaires par qui en voudrait donner, autorisant cette demande sur un exemple de M. Talon, alors qu’il était intendant en ce pays, qui ayant obtenu à peu près un pareil arrêt, n’eut aucune exécution, ayant au contraire été rayé et bâtonné comme il paraît par les registres[1]. » Comme on le voit par cette citation, Frontenac invo-

  1. Lettre de M. d’Auteuil au ministre : Arch. prov. Man. N. F., 2ème série, vol. VII.