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DE LA NOUVELLE-FRANCE

que je fais distribuer aux soldats, aux familles nouvellement venues, et aux volontaires du pays qui se lient par mariage aux filles que vous m’avez envoyées, auxquels je fais même donner la terre que j’ai fait préparer aux dépens du roi, à condition que les possesseurs en rendront autant dans l’espace de trois ans au profit des familles envoyées de France, que mes successeurs auront ordre d’établir ; prétendant que par là le pays aura, ce terme expiré, un fonds certain et perpétuel pour la meilleure partie de la subsistance des familles dont il sera chargé. Mon but principal est en ceci de peupler le voisinage de Québec de bon nombre de gens capables de contribuer à sa défense sans que le roi en ait aucun à sa solde. Je pratiquerai autant que je pourrai la même économie dans tous les endroits où je ferai des bourgs, villages et hameaux, mélangeant ainsi les soldats et les habitants pour qu’ils puissent s’entr’instruire de la culture de la terre et s’entre-secourir au besoin[1].”

À la fin du projet de règlements que nous venons

  1. — Arch. prov. Man. N. F. : Talon à Colbert, 27 oct. 1667. — Un homme qui a beaucoup écrit sur notre pays et qui l’a beaucoup aimé, M. Rameau, admirait particulièrement l’œuvre colonisatrice de Talon. « Il est impossible, écrivait-il quelques jours avant sa mort, de consulter les nombreux documents restés de son administration sans être vraiment frappé par l’excellence de ses méthodes si sages, de ses procédés si ingénieux, appliqués avec une persévérance soutenue et une prévoyance que l’avenir a justifiées.

    « Sans grever outre-mesure le budget royal, il a su établir et faire prospérer les familles qu’il implantait aux environs de Québec, où elles se sont maintenues dans les concessions primitives et amplement multipliées.

    « Bien souvent, j’ai causé de ce colonisateur habile et de