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JEAN TALON, INTENDANT

année, il semble que la distribution de ce qui en restera devra se faire à de vieux hivernants, capables d’informer les chefs de familles nouvellement venues et établies, de la manière de cultiver plus utilement la terre en la travaillant dans ses saisons, soit de vive voix, soit par l’exemple de leur application au travail ; et j’ajoute que s’il se trouve des gens de différents métiers, servant ordinairement à fournir quelque chose de leur profession qui soit utile à l’usage commun des habitants de ces bourgades, (comme charpentier, maçon, savetier et autres, il sera très à propos de les introduire en icelles, afin que, sans sortir du bourg, toutes les choses nécessaires tant à la nourriture qu’au logement et vêtement de l’homme se trouve pour la commodité de celui qui l’habite. » Ces dispositions étaient marquées au coin de la prévoyance et de la sagesse.

Maintenant à quelles conditions ces terres seraient-elles concédées aux colons ? Voici celles que Talon proposait. Les soldats du régiment de Carignan-Salières, désireux de s’établir ici, recevraient des secours de vivres et d’outils propres à leur travail. On leur payerait la culture des deux premiers arpents de terre qu’ils abattraient et brûleraient, et qui resteraient leur propriété. En retour ils s’obligeraient par le contrat de concession à défricher, dans les trois ou quatre années suivantes, deux autres arpents de terre au profit des familles qui passeraient de France au Canada. Et de plus ils se tiendraient assujettis au service militaire envers le roi, soit pour la défense du pays, soit pour toutes entreprises « qui regarderaient l’utilité et l’avantage de l’ancienne et Nouvelle-France. » « Cette manière de donner un pays de nouvelle conquête, disait Talon, a