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DE LA NOUVELLE-FRANCE

s’élever l’église ou la chapelle. Ainsi les colons pouvaient facilement s’entr’aider, et se prêter secours en cas d’attaque. Bouchette signalait cette disposition particulière dans son Topographical Dictionary of Lower Canada. « L’église de Charlesbourg, écrivait-il en 1832, est demeurée le centre des fermes environnantes, d’où elles rayonnent toutes. La raison de cette singulière et caractéristique disposition fut la nécessité de créer un voisinage, qui avait ses avantages particuliers. La population était faible et la main-d’œuvre rare. Par cet arrangement il était plus facile d’entretenir un chemin sur le front de chaque terre. Un autre avantage, et non pas le moindre, était la proximité de l’église d’où partait le signal d’alarme, et qui servait de ralliement à la défense, lorsque la cloche annonçait une attaque des Sauvages[1]». Deux siècles sont passés, mais les villages de Charlesbourg ont conservé leur curieux dessin géométrique. Par une belle et claire journée d’été, si, du haut de la tour centrale du Palais Législatif, vous laissez errer vos regards sur les coteaux verdoyants qui ondulent là-bas en arrière de la Canardière et de Beauport, vous voyez la pensée de Talon imprimée sur ce sol fertile en caractères ineffaçables.

Il ne suffisait pas de tracer des villages, de préparer des terres et d’élever des habitations ; il fallait les peupler judicieusement. L’intelligent administrateur y avait songé. « Après avoir réservé, écrivait-il, dans ces hameaux, villages ou bourgades, les habitations nécessaires aux familles qui seront envoyées dans la présente

  1. A topographical Dictionary of the province of Lower Canada ; 3ème vol. des British Dominions in North America, verbo N.-D. des Anges.