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JEAN TALON, INTENDANT

vous désirez savoir qui sont ceux qui peuvent n’être satisfaits de ma conduite et pourquoi, M. le chevalier de Chaumont et l’agent général de la compagnie pourront vous le dire et vous informer que si je voulais laisser l’Église sur le pied d’autorité que je l’ai trouvée j’aurais moins de peine et plus d’approbation. » À quoi Talon faisait-il allusion dans ces dernières lignes ? Les pièces et documents qui nous sont parvenus ne nous l’indiquent point, et ne mentionnent aucun désagrément que l’intendant pouvait avoir eu avec « l’Église » à cette date de novembre 1666. S’agissait-il des dîmes, de la traite de l’eau-de-vie ? Nous l’ignorons. Nos lecteurs verront bientôt des difficultés se produire entre Talon et Mgr de Laval. Mais à ce moment l’harmonie ne paraissait pas encore avoir été troublée, extérieurement du moins. Dans tous les cas, cette plainte de Talon démontre que déjà, à la fin de l’année 1666, l’entente n’était plus parfaite.

L’intendant ne semble pas avoir mentionné alors au ministre les articles présentés par M. Le Barroys, agent général de la compagnie, pour mieux définir et faire respecter les droits et privilèges de cette dernière. Par ces articles, soumis à MM. de Tracy, de Courcelle et Talon, le 18 août 1666[1], l’agent demandait que les messieurs de la dite compagnie fussent reconnus et déclarés seigneurs du pays ; que les officiers du Conseil Souverain fussent nommés par eux, et que, sur telle nomination, leurs provisions leur fussent expédiées au nom de Sa Majesté ; que le représentant de la compagnie continuât à avoir séance, voix délibérative et préséance au conseil

  1. Édits et Ordonnances, I, p. 52.