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JEAN TALON, INTENDANT

réussissait à merveille. L’intendant en avait fait semer et recueillir. Il avait donné de la semence aux cultivateurs à condition qu’on lui rendît l’année suivante une pareille quantité de graine, qu’il distribuerait alors à d’autres. Pour déterminer les gens à cultiver cette plante, il s’était avisé d’un moyen très énergique. Il avait fait saisir tout le fil dans les magasins et les boutiques, annonçant qu’on ne pourrait s’en procurer qu’en s’engageant à le lui rendre en chanvre. En un mot, il s’était réservé le monopole du fil, pour activer la production du chanvre. Évidemment, ce n’était là qu’un expédient temporaire.

Une autre nouvelle qui dut réjouir Colbert, c’est que Talon avait fait commencer à Québec un vaisseau de 120 tonneaux, en consacrant à cet ouvrage le bénéfice réalisé par la vente des denrées achetées par lui en France, avec les 12,000 livres de ses appointements, et traversées exemptes de fret. Ce vaisseau devait être terminé au printemps, et serait à la disposition de Sa Majesté ou de la colonie.

L’intendant annonçait de plus qu’il avait fait entreprendre la pêche de la morue dans le fleuve Saint-Laurent, et qu’il y avait tout lieu d’espérer que l’on pourrait faire ici du brai, de la résine et du goudron. En outre il avait l’assurance que le bois pour les mâtures était de première qualité. Enfin les quatre-vingt-dix filles envoyées par le roi dans le but de former des mariages étaient toutes mariées, à l’exception de six que Talon secourait de temps en temps ; et deux cent cinquante colons s’étaient établis au pays dans le cours de cette année.

Il semble que ce rapport fût aussi satisfaisant et