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DE LA NOUVELLE-FRANCE

cher de la traite avec les sauvages en faveur des habitants du Canada. » Mais, ajoutait-il, il est à craindre que, par le moyen de la traite ceux-ci ne demeurent une bonne partie de l’année dans l’oisiveté, au lieu que s’ils n’avaient pas la liberté de la faire ils seraient nécessités de s’appliquer à bien cultiver leurs terres. » Ici Colbert avait raison dans une large mesure.

Quant au commerce, le ministre informait l’intendant que, sur ses instances, la compagnie avait consenti à en accorder la liberté, pour une année, indistinctement à toutes sortes de personnes, « quoiqu’il soit fort à craindre, faisait-il observer, que ces particuliers n’enverront de France que les marchandises et denrées sur lesquelles ils trouveront du bénéfice et laisseront manquer le pays de celles qui lui seront peut-être les plus nécessaires, outre que, par ce moyen, les castors étant en différentes mains, il est certain que le débit s’en fera à vil prix. » Les inconvénients signalés par le ministre devaient être corrigés par l’exercice même de la liberté commerciale.

Colbert mentionnait certains essais des marcassites extraits des mines et envoyés par Talon. Le résultat en était assez incertain, et l’épreuve du sable n’avait pas réussi parce qu’il était en trop petite quantité. Le fondeur allemand qui était repassé en France allait revenir au Canada avec les outils nécessaires pour faire de nouveaux essais sur les lieux, particulièrement à la mine de Gaspé !

Talon avait demandé de l’encouragement et de l’aide pour l’établissement de manufactures. Colbert lui répondait : « Le moyen d’établir des manufactures consiste plutôt dans l’industrie et le travail des habitants que