Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
JEAN TALON, INTENDANT

bénisse et fasse revenir victorieux les défenseurs de la patrie !

Le rendez-vous de toutes les troupes était fixé pour le 28 septembre, au fort Sainte-Anne, sur une île du lac Champlain. Dans les derniers jours du mois, treize cents hommes s’y trouvèrent réunis. Le contingent de Montréal, qui comptait cent dix volontaires[1], était commandé par M. Charles Lemoine ; celui de Québec par M. de Repentigny. Quatre prêtres, les Pères Albanel et Raffeix, jésuites, M. Dollier de Casson, sulpicien, et M. Dubois, aumônier du régiment de Carignan, accompagnaient l’expédition. Trois cents embarcations, bateaux très légers et canots d’écorce, devaient faire traverser aux troupes les lacs Champlain et Saint-Sacrement.

M. de Courcelle, toujours impétueux, partit le premier en tête d’une avant-garde de 400 hommes dont faisaient partie les montréalais. M. de Tracy quitta le fort Sainte-Anne le 3 octobre avec le gros de l’armée. MM. de Chambly et Berthier les suivirent quatre jours plus tard avec l’arrière-garde.

Du lac Champlain au lac St-Sacrement, il y avait un portage assez pénible. Mais c’était là peu de chose comparé aux difficultés et aux fatigues qui attendaient l’armée au delà de ce dernier lac. Il fallait prendre la route

  1. — Dès l’hiver précédent, M. de Courcelle les avait surnommés « ses capots bleus », à cause de la couleur de leur vêtement. Il avait pour eux une considération spéciale, et comme quelqu’un s’étonnait de cette prédilection : « Que voulez-vous, répondit-il, je n’ai trouvé de gens qui m’aient mieux servi pendant la guerre et qui m’aient mieux obéi. » (Dollier de Casson — Histoire du Montréal).