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JEAN TALON, INTENDANT

Voilà ce que Talon prie très humblement Messieurs de Tracy et de Courcelle d’examiner[1]

Ce mémoire était bien de nature à montrer la campagne contre les Agniers comme très opportune, sinon nécessaire. M. Talon l’avait soumis le premier septembre. Le six M. de Tracy décida la guerre[2]. Treize cents hommes devaient prendre part à l’expédition ; six cents soldats tirés des compagnies régulières, six cents canadiens et cent sauvages. « Tous les apprêts se trouvèrent en état le 14 de septembre, qui était le jour assigné pour le départ, parce que c’est celui de l’Exaltation et du triomphe de la Croix, pour la gloire de laquelle on faisait cette entreprise, » lisons-nous dans la Relation de 1666. Ce jour-là MM. de Tracy et de Courcelle quittèrent Québec avec une partie des troupes. Le Bâtard Flamand assistait à ce départ si menaçant pour son peuple. « Lorsque l’armée fut rangée pour partir, » écrit la Mère de l’Incarnation, « M. de Tracy le fit passer devant lui et lui dit : Voilà que nous allons chez toi, qu’en dis-tu ? Les larmes lui tombaient des yeux, voyant de si belles troupes et dans un si bel ordre. Il repartit néanmoins : Ononthio[3]

  1. Problème s’il est plus avantageux au service du roi de faire la guerre aux Agniers que de conclure la paix avec eux. Arch. prov., Man. N. F. 1ère série, vol. I.
  2. — « Le 6 M. de Tracy conclut d’aller en personne à Agnier avec mille ou douze cents hommes. » — Journal des Jésuites, p. 349.
  3. — Lorsque M. de Montmagny était gouverneur, on avait dit aux sauvages que son nom signifiait « Grande Montagne » (Mons magnus). Dans leur langue, cela se traduisait par le mot Ononthio. Ils appelèrent donc ainsi M. de Montmagny ; et, après lui, ils continuèrent à désigner sous ce nom tous les gouverneurs.