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DE LA NOUVELLE-FRANCE

ce qu’on tient véritable dans tout le Canada, que jamais paix solide ne soit faite avec cette nation, qui ne la garde qu’autant qu’elle lui est utile ou qu’elle craint qu’en y faisant infraction elle n’en reçoive quelque détriment, j’estime que la guerre est plus avantageuse que la paix pour les raisons suivantes. » Ces raisons étaient au nombre de neuf ; nous les résumons : 1° Le roi ayant envoyé des troupes au Canada, il sera glorieux pour lui d’exterminer cette nation barbare. 2° L’expérience démontre que ces infidèles rompent la paix à la première occasion, témoin l’attentat dont MM. de Chazy et de Traversy et les sieurs Chamot et Morin ont été victimes. 3° La proximité des Anglais, voisins des cantons Iroquois, peut faire craindre qu’à un moment donné, étant en guerre avec les Français, ils ne poussent cette nation guerrière à assaillir le Canada par le haut Saint-Laurent, tandis qu’eux-mêmes l’attaqueraient en remontant ce fleuve. 4° Le moment présent est le meilleur, n’offrant ni les inconvénients de l’hiver ni ceux du printemps, et les Agniers sont sans défiance, par suite du retour de l’expédition de M. de Sorel, 5° Au printemps prochain, on ne pourra diriger toutes les troupes contre les Iroquois, la prudence exigeant qu’on en tienne une partie à Québec en vue d’une attaque possible des Anglais, si la paix entre les deux couronnes n’est pas déclarée. 6° Les rigueurs de l’hiver affaibliront infailliblement les troupes, et les rendront moins propres aux fatigues d’une campagne. 7° Présentement on a toutes les munitions de guerre et de bouche nécessaires à l’expédition, tandis qu’au printemps on sera moins bien pourvu. 8° Aux occasions de guerre où il y a plus à espérer qu’à craindre il