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JEAN TALON, INTENDANT

beaucoup d’intérêt pour la Nouvelle-France et en avait donné, en mainte occasion, des preuves efficaces. Sa mort causa dans la colonie des regrets universels. Les églises furent tendues de deuil, et l’on y célébra des services funèbres pour le repos de l’âme de la reine-mère. La cérémonie la plus imposante eut lieu à la paroisse, d’après les ordres et sous les auspices de l’intendant Talon. Ce fut un véritable événement pour Québec. Nous laissons ici parler la Relation de 1666 :

« M. Talon, intendant pour le roi en ce pays, signala surtout l’affection qu’il a pour le service de Sa Majesté et son respect pour la mémoire de cette grande princesse, faisant faire le 3 d’août de l’année 1666, dans la principale église de Québec, un service chanté en musique qui eut semblé magnifique partout ailleurs, mais qui le parut au delà de ce qu’on peut exprimer dans un pays où l’on n’avait jamais rien vu de semblable.

« M. de Tracy, lieutenant général de Sa Majesté en toute l’Amérique, M. de Courcelle, gouverneur général de la Nouvelle-France, M. l’intendant et toutes les personnes considérables s’y trouvèrent en deuil, et Mgr  l’évêque de Pétrée y officia, assisté de plusieurs ecclésiastiques en chape.

« Toute cette assemblée fut d’autant plus satisfaite de l’oraison funèbre qui y fut prononcée qu’on y fit surtout l’éloge du zèle admirable que cette grande reine avait toujours eu pour la conservation de ce pays, et pour le salut des infidèles, dont on voit ici de tout côté des marques illustres. C’est ce qu’on pourrait mander de plus considérable de Québec, et à quoi l’on a cru que l’on s’intéresserait davantage en France, comme l’on ne pou-