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JEAN TALON, INTENDANT

trente-six charpentiers, onze boulangers, sept bouchers, vingt cordonniers, trente-deux maçons, vingt-sept menuisiers, trente tailleurs, huit tonneliers, cinq pâtissiers, neuf meuniers, trois serruriers, etc. Il y avait aussi dix-huit marchands et seize bourgeois. Les personnes désignées sous le titre d’engagés étaient au nombre de quatre cent un.

Chose curieuse, on a remarqué le nom d’un imprimeur dans cette liste. C’était certainement un imprimeur sans imprimerie, un imprimeur honoraire !

En dehors de cette classification par professions et par métiers, restaient le clergé, les fonctionnaires et les cultivateurs.

Les troupes du Roi, formant environ 1,200 hommes, n’étaient pas comprises dans le dénombrement.

Le clergé se composait alors d’un évêque, de dix-huit prêtres et ecclésiastiques, de trente-cinq Jésuites. Il y avait dans les communautés de femmes dix-neuf Ursulines, vingt-trois Hospitalières et quatre filles pieuses de la Congrégation.

Ah ! ce premier recensement de notre patrie, cette nomenclature si sèche et si dépourvue d’attrait en apparence, comme elle est pleine de charme et de poésie pour les Canadiens qui ont le culte de l’histoire et des traditions nationales ! Elle ressuscite une société évanouie depuis deux cents ans. Elle fait revivre un passé mort. Elle nous promène à travers le Québec, le Montréal, le Trois-Rivières du 17ème siècle, et fait passer devant nos yeux les personnages, illustres ou obscurs, qui armés de la croix, de la cognée, de la charrue, du mousquet ou de l’épée, jetaient dans le sol canadien les fortes bases d’une nation catholique et française !