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DE LA NOUVELLE-FRANCE

leur conservation et leur enverrai pour cet effet, si la rivière ne se glace bientôt, outre ce qui est nécessaire pour leur subsistance, quelques douceurs pour charmer les rigueurs de l’hiver, afin que MM. de Tracy et de Courcelle les trouvent en état d’agir contre les ennemis. »

Nous avons vu dans le chapitre précédent que Louis XIV et Colbert insistaient sur le rapprochement des habitations. Talon se préparait à tenter un effort pour correspondre à leurs vues et il en informait ainsi le ministre : « Vous avez trop bien reconnu que, tandis que les habitations ne se feront pas de proche en proche, le pays ne sera pas en état de se soutenir par lui-même contre les Iroquois, ses ennemis irréconciliables ; on apportera autant qu’on le pourra le remède au mal passé et on ne tombera pas dans cet inconvénient à l’avenir. Je projette une forme de défrichement pour bâtir une première bourgade ; quand elle sera tout à fait résolue je vous en enverrai le plan… On peut toujours à bonne heure disposer des familles à passer dans l’année prochaine en ce pays, sur l’assurance que je donne qu’il y aura des habitations préparées, et quant au lieu de 40 que vous m’ordonnez dans la courante, le roi voudra pour les suivantes qu’on en dispose un plus grand nombre, j’en ferai faire autant qu’il plaira à Sa Majesté, si de sa part elle me donne les secours nécessaires. » Nous verrons dans un prochain chapitre quel système de colonisation Talon voulait suivre.

Poursuivant son rapport à Colbert, il annonçait des mémoires sur les manufactures qu’on pouvait introduire au pays, sur la navigation du St-Laurent et sur la question des dîmes. Il affirmait aussi que, moyennant quelques avantages accordés aux soldats, il en