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LE CHANT DU DÉPART


HYMNE GUERRIER

Paroles de M.-J. CHÉNIER, musique de MÉHUL






DESSINS PAR M. TRIMOLET.


GRAVURES : 1ère et 4e planche, par M. Garnier — 2e et 3e planche, par M. Boilly



NOTICE


Après l’hymne des Marseillais au-dessus duquel il n’y a rien, en ce genre, soit chez les anciens, soit chez les nations modernes, la seconde place appartient incontestablement au Chant du Départ. Chénier (Marie-Joseph), cet autre Tyrtée des guerres de la Révolution, le composa en 1794, pour l’anniversaire du 14 Juillet. En faisant la part de l’exaltation républicaine du temps qui ne permettait d’exprimer modérément ni ses affections, ni ses haines ; en n’examinant pas à la loupe d’un purisme vétilleux quelques expressions peu harmonieuses, introduites dans un petit nombre de vers par le langage obligé de l’époque, on reconnaîtra toujours dans ce chant guerrier une brillante et poétique inspiration. La magnifique strophe qui en forme le début est à la hauteur des chefs-d’œuvre de nos deux grands lyriques français.

Dans l’une des strophes de ce chant l’auteur rendit un juste hommage à deux jeunes héros, on peut dire à deux héros-enfants, dont l’histoire impartiale signalera aussi les noms et le dévouement.

Joseph Barra, entré, comme tambour, avant sa douzième année, dans les rangs de l’armée républicaine de l’intérieur, était aussi bon fils que soldat intrépide. Envoyant chaque mois à sa mère sa modique solde tout entière, il s’était toujours fait remarquer par son ardeur dans le combat. Cerné un jour par un nombreux parti de Vendéens, vingt baïonnettes sont levées sur lui. — « Crie Vive Louis XVII », lui dit-on, ou tu es mort. — « Vive la République ! » s’écrie le jeune d’Assas de douze ans, et il tombe percé de coups !