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TABLEAU DE PARIS
À CINQ HEURES DU SOIR


En tous lieux la foule
Par torrens s’écoule ;
L’un court, l’autre roule ;
Le jour baisse et fuit.
Les affaires cessent ;
Les dîners se pressent,
Les tables se dressent ;
Il est bientôt nuit.

    Là, je devine
    Poularde fine,
    Et bécassine,
Et dindon truffé ;
    Plus loin je hume
    Salé, légume,
    Cuits dans l’écume
D’un bœuf réchauffé.

Le sec parasite
Flaire… et trotte vite
Partout où l’invite
L’odeur d’un repas ;
Le surnuméraire
Pour vingt sous va faire
Une maigre chère
Qu’il ne paiera pas.

    Plus loin qu’entends-je ?
    Quel bruit étrange
    Et quel mélange
De tons et de voix !
    Chants de tendresse,
    Cris d’allégresse,
    Chorus d’ivresse
Partent à la fois.

Les repas finissent ;
Les teints refleurissent ;
Les cafés s’emplissent ;
Et trop aviné,
Un lourd gastronome
De sa chûte assomme
Le corps d’un pauvre homme
Qui n’a pas dîné.