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classes ; qu’on en trouve qui honorent ce nom, & d’autres qui en font l’opprobre. Malgré cela, il y a dans cette nombreuse famille des especes neutres qu’on ne pourroit placer ni dans la bonne ni dans la mauvaise classe, dans le cas où l’on entreprendroit la tâche immense & difficile de faire une bonne & une mauvaise classe.

C’est parmi les gens de lettres que l’essaim des abbés est innombrable. Ils ont embrassé tous les genres ; l’homélie & l’opéra comique, le mandement & la diatribe ; ils ont tonné contre les muses, & personne n’a mieux pincé qu’eux la lyre d’Apollon. Notre Virgile François est un abbé. Ils ont poussé l’art du rhéteur jusqu’à prêcher sur la liberté, & à se faire écouter. Jean-Jacques, qui avez écrit contre les lettres, & avez fait l’honneur des lettres, vous n’étiez pas capable d’un pareil effort de génie !

La seule branche de littérature dans laquelle Messieurs les abbés n’ont pas réussi, & à laquelle ils doivent renoncer, c’est à ces nombreux panégyriques qu’il leur a plu d’appeller histoires, où ils ont toujours compté la vérité pour rien[1]. La révolution a changé la forme & le fond de ces lourds panégyriques, & la liberté vient de confier les burins de l’histoire à cette au-

  1. Il faut en excepter les histoires qui sont sorties de la plumie des abbés Raynal, Millot & Des… ; aussi les caffards les ont-ils tancés d’importance. Note de l’éditeur.
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