Page:Chantreau - Dictionnaire national et anecdotique - 1790.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
vij

temps avant la révolution, & qui fut lu avec transport au Musée de Paris où on lit de si belles choses ; ce Traité, dis-je, alloit encore me jetter loin du vrai but, quand les choses changerent de face. Cette révolution fameuse qui vous rend aujourd’hui une des plus célebres de nos quarante-huit mille municipalités ; cette révolution, Messieurs, me ramena sur la bonne route ; je fus vivement frappé de voir notre langue s’enrichir chaque jour d’une foule de mots qui caractérisent un peuple libre. Je m’écriai : Je suis libre aussi, moi ! Alors l’idée d’être utile à la nation fut la seule qui s’empara de mes facultés. Énigmes, Logogriphes, Charades, Anagrammes.… je foulai tout aux pieds, & n’en lus plus que dans les Actes des Apôtres. Ce fut dans un de ces momens d’enthousiasme que je formai le dessein de travailler au Dictionnaire que j’ai l’honneur de vous présenter. J’ai tout sacrifié pour remplir cette tâche comme elle méritoit de l’être. J’ai éloigné de moi l’ambition qui m’appelloit dans les districts où je pouvois prétendre à l’honneur du commissariat. Assez de gens à talens sont capables de remplir ce poste éminent, me suis-je dit ; l’homme de Lettres doit servir l’État