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N A T

N.

NATION : dans l’ancien régime c’étoit un terme de géographie ou de phrasier lorsqu’il travailloit en grand ; car il n’étoit jamais entré dans la tête d’un écrivain qui étoit au courant d’aller parler du bien de la nation, de l’intérêt de la nation, du service de la nation, du trésor de la nation, &c., &c. Et certes, avant le 17 juillet 1789, il n’y avoit jamais eu de Parisien qui se fût avisé de crier vive la nation en voyant passer les grands carrosses à huit chevaux, qui venoient de temps en temps au palais. Mais, comme je ne cesserai de le répéter avec M. le Court de Gebelin, les langues se modifient & prennent le caractere des peuples ; ainsi nation a signifié tout parmi nous, dès l’instant que nous avons été réellement une nation. Ces expressions vagues de bien de l’état, intérêt de l’état, servir l’état, ont été honnies ou abandonnées à certains gazetiers qui ont encore toutes les peines du monde à se faire à l’idiôme national.

NATIONAL : adjectif qui qualifie tout ce qui appartient à la nation, or, tout appartient à la nation, dont tout est national. Aussi depuis la révolution notre maniere d’être physique & morale est devenue entiérement nationale ; notre costume, depuis la cocarde jusqu’aux boucles, est national ; rien ne paroît sur la toilette de nos