légendaire Lumir ébauche d’abord un thème qui, amplifié par l’orchestre entier :
célébrera la majesté du castel héroïque et, après les péripéties de l’épopée, ne surgira plus à la fin que pour s’éteindre dans un ultime écho de la harpe inspirée.
Le deuxième poème, la Moldau (en tchèque Vltava) chante la puissante rivière, vivante artère du pays et qui, après l’avoir traversé tout entier en baignant Prague, va grossir en Saxe l’Elbe allemand (symbole du rôle que le germanisme envisagea longtemps pour la Bohême[1]). Le tracé d’un cours d’eau n’est pas ici un simple artifice descriptif. À mesure que le mince ruisseau du début s’enfle et s’élargit, ses eaux reflètent des scènes de la vie nationale, réelles ou imaginaires, une chasse dont on entend les sonneries, les chants et danses du peuple sur une prairie, les fées des eaux et leurs ébats nocturnes, les cascades d’un défilé étranglé entre des rocs sourcilleux, enfin, devant Prague aux cent tours, la solennelle Vysehrad, avec le retour du motif qui la symbolisait dans le poème qui en porte le nom.
Avec une moindre valeur musicale, les autres poèmes obéissent à la même inspiration. Le troisième, Sarka,
- ↑ Idée reprise per Raymond Loucheur pour son Poème de la Seine, commandé pour l’Exposition universelle de 1937.