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grand-ducale de Weimar, dont il est alors le souverain artistique, après Gœthe et Herder, peut évoquer pour lui (hormis les faveurs d’une grande duchesse…) cette cour de Ferrare où a régné un moment le génie du Tasse. Il y a là, comme plus loin dans Mazeppa, dans les Préludes, dans l’Héroïde funèbre, dans Hungaria, dans les Idéals et dans Bruits de fête, des souvenirs ou des aspirations personnels, c’est-à-dire de ces éléments d’émotion et d’inspiration où le romantisme puise la sève de la poésie lyrique. Bien peu, parmi les successeurs de Liszt, retrouveront ce ressort caché pour donner au poème symphonique cette spontanéité d’éloquence.

Dans Mazeppa, la tragédie d’un destin personnel occupe moins de durée que dans le Tasso : il n’y a le temps ni d’une intrigue amoureuse, ni d’une vengeance de Cour, ni d’une réhabilitation : tout se borne à une foudroyante chevauchée, aboutissant à la chute du supplicié, vite relevé et aussitôt porté en triomphe[1].

Ici encore, l’élément descriptif tient beaucoup moins de place qu’il ne semble d’abord. Le thème essentiel de l’œuvre :


\language "italiano"

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}

\relative do' {
  \key re \minor
  \clef bass
  \compoundMeter #'((3 3 4))
  \tempo \markup{\concat{All \super{o}} "agitato"}
  \override Score.BarNumber.break-visibility = ##(#f #f #f)
  \once \omit TupletNumber 
  re2^^_\ff r8. \once \omit TupletNumber \tuplet 3/2 {la32( si dod)} re2~^^ re8. do16 | sib!2 r8. \once \omit TupletNumber \tuplet 3/2 {fa32( sol la)} sib2~^^ sib8. sib16 | \break
  la2^^ r8 la32[( si dod re]) mi2~ mi8. sol,16 | \slashedGrace fa,8 fa'2^\trill \tupletUp \tuplet 3/2 {mi8( fa la)} fa4^.
}

lui est bien antérieur, figurant dès 1826 dans le premier cahier d’ « Exercices » publié par Liszt, alors âgé de quinze ans, et repris en 1841 dans la quatrième des

  1. Thème d’amplification littéraire pour Hugo et de symbole musical pour Liszt, cette légende de Mazeppa est d’ailleurs dépourvue, on le sait, de toute vérité historique.