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orchestrale d’un thème agité, figurant l’assaut des barbares. La structure de ce thème — une seconde augmentée entre deux secondes mineures —,


\language "italiano"

\layout {
  indent = 0 \mm
  short-indent = 0 \mm
  line-width = 12.5 \cm
}

\relative do {
  \key do \minor
  \clef bass
  \time 4/4
  \tempo \markup{"Tempestuoso :" \concat{All \super o} "non troppo"}
  \override Score.BarNumber.break-visibility = ##(#f #f #f)
  r2_\markup{\dynamic{p} \italic "mitterioso"} r4 r8 sol8_. | lab8_. r8 si8_. r8 do4. r8 |
}

qui reparaîtra dans l’Héroïde funèbre, est avant tout le motif initial de la quatorzième Rapsodie hongroise[1], ce qui tendrait à montrer dans les Huns d’Attila les ancêtres de ces Magyars auxquels Liszt se sentait peut-être moins attaché par sa naissance que par le fameux « sabre d’honneur » de 1840… On signale ce détail comme un des traits de lyrisme individuel qui percent jusque dans les plus objectifs des « Poèmes symphoniques ». Du tumulte guerrier naît aux régions graves de l’orchestre pour s’élever, gagner et s’imposer bientôt, une fanfare non moins guerrière, construite sur les simples notes de l’accord parfait mineur, c’est-à-dire opposant d’emblée une sorte de clarté à la ligne plus tourmentée du motif barbare. En progressant peu à peu, elle introduit aux trombones l’ébauche du thème liturgique, Crux fidelis. La mêlée se poursuit entre les soldats des Huns et ceux du Christ, c’est-à-dire entre le thème hongrois et la fanfare qui finit par le réduire au silence. Sur le champ de bataille, musicalement conquis et déblayé, la victoire impose la prière et un orgue chante maintenant avec un recueillement pacifié, le thème de la Crux fidelis :


\language "italiano"

\layout {
  indent = 0 \mm
  short-indent = 0 \mm
  line-width = 12.5 \cm
}

\relative do'' {
  \key do \minor
  \clef treble
  \override Score.BarNumber.break-visibility = ##(#f #f #f)
  \time 4/4
  sib2( do |
  \time 6/4
  mib4 fa2~ fa4 mib2) |
  \time 4/4
  fa( sol |
  \time 6/4
  lab sol4 fa2.) |
}

Cette action de grâces s’anime peu à peu dans une effusion mélodique plus vive — qui rappelle ou que rappelle un épisode du Christus — allègre et tendre tout ensemble,

  1. Dont une version avec orchestre est devenue, on le sait, la Fantaisie hongroise.