se répondre, ne font souvent que se contrarier. Tel est, au moment où Liszt va atteindre à la maîtrise de sa maturité, le cas d’œuvres aussi différentes que celles de Berlioz et de Spohr.
Berlioz relie l’une à l’autre, par le fil d’une intrigue tout imaginaire et artificielle[1], les cinq parties de sa Symphonie fantastique où circule de l’une à l’autre, mais sans s’y incorporer pleinement, le motif d’une « bien-aimée ». Ce thème,
après avoir alimenté les « Rêveries, Passions » du début, montré dans la « bien-aimée » l’héroïne coquette et indifférente d’un bal, évoqué son souvenir jusque dans la solitude des champs, exprime la dernière pensée de l’amant meurtrier avant la salve du « supplice », est raillé, caricaturé dans le « Sabbat » de l’enfer :
étincelle décisive, trouvaille de génie, véritable invention dont toute la musique tirera parti depuis Berlioz, en particulier Liszt dans sa Faust-Symphonie et Saint-Saëns dans le Rouet d’Omphale et le troisième acte de Samson et Dalila[2], mais trait isolé que d’autres développeront avec plus d’ampleur et de généralité[3].
- ↑ On sait, par exemple, que la Marche au supplice a été prise par lui, textuellement, dans une œuvre antérieure, avec une simple addition de quelques mesures, pour y ramener ce thème de la bien-aimée.
- ↑ À vrai dire, ce sarcasme musical se rencontre déjà dans le Don Giovanni de Mozart, lorsque don Giovanni, au premier acte, pour railler l’agonie du Commandeur, rappelle la phrase de donna Anna : Come furia disperata et, dans la dernière scène, lorsque tous les personnages, souhaitant de voir don Giovanni rester « chez Proserpine et Pluton », reprennent ironiquement le thème du Commandeur : Don Giovanni, a cenar teco.
- ↑ Dans Harold en Italie, le thème du héros est suivi avec plus de constance que celui de la bien-aimée de la Symphonie fantastique. Mais l’œuvre, dans son ensemble, est inférieure et peut-être encore plus hétérogène.