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La lourde escadre des canards
Le voit voler d’un œil d’envie ;
Il éveille chez ces traînards
Le trémoussement de la vie.

Quand l’oiseau file à côté d’eux
Toute la bande le regarde ;
Son petit cri, brusque et joyeux,
La rend encore plus bavarde.

Mais loin du peuple cancanier,
Canards, laveuses et commères,
D’un coup de bec, le braconnier
Attrape au vol les éphémères.

Notre rivière a du poisson :
L’able, la truite et la vandoise
Montrent à travers le cresson
Leur dos mince couleur d’ardoise ;

Et lorsqu’un filet de soleil
Rit et frissonne sur l’eau bleue,
On voit dans le rayon vermeil
Reluire l’argent de leur queue.