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_41_. Chaffardon offrait un trésor, Et Sonas tout son pesant d’or ; Mais Tabazan vers eux s’avance, Puis au cou leur passant les lacs, Il leur dit tout bas : Ça ne vous bless’—t—’il pas ? Allons, mes amis, franc issez le pas 11 Avec un ju ement sain, Bèze avait ’oreille dure ; Il n’apprit que le matin Cette tragique aventure. _ . Lorsqu’il dit : Allons au Saint Lieu, Mes amis, rendre grâce à Dieu ; Et puis, d’une voix ferme et sûre, Avec ardeur il entonna Un alléluia Que chacun chanta, Bénissant le Ciel qui nous protégea. 12 Si le Duc eùt réussi Au gré de sa folle envie, Le collège d’Anneey Serait notre académie. Nous aurions un même renom Que Moùtier.Sallanche,ouThonon Et, pour exercer l’industrie, Nous posséderions des essaims De bénédictins Et d‘ignorantins. De prêtres, d’abbés, et de capucins. 13 Si notre chère cité Eut des destins tout contraires, Si les mœurs, la liberté, En firent leurs sanctuaires, Celui ui guida nos aïeux, Nous cana ces biens précieux : A ce Dieu qui sauva nos pères Montrons un cœur reconnaissant, Et pieusement Soyons constamment Dignes des secours de son bras puissant.


C’était l’an mil six cent et deux.


Chanson nouvelle.


Air : Quand un tendron vient en ces lieux.


1

C’était l’an mil six cent et deux,
Pendant un temps de trève,
Que le Savoyard cauteleux
Vint surprendre Genève.
Il gelait, il faisait si noir
Que le diable n’y pouvait voir,
Ce soir.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Le bon tour qu‘il nous jouait là !
La, la.


2

Certain Brunaulieu. gros picard.
Dirigeait l’entreprise ;
Il comptait bien, le vieux renard,
Nous prendre par surprise ;
Mais bien que son plan fût très-beau
Il y laissa, le gros rustaud,
Sa peau.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Le bon homme que c’était là !
La, la.

3

Il s’avançait à pas de loups,
Conduisant les plus braves ;
Ils eussent mieux fait, ces matous.
D’aller croquer leurs raves ;
Car, lorsque leur troupe approcha,
Un lièvre seul les effraya,
Déjà.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Les bons p’tits hom‘que c’étaient là !
La, la.

4.

Parvenus au pied de nos murs,
Ils plantent trois échelles,
Montent les échelons obscurs
Sur leurs sourdes rouelles.
Là D’Albigni, leur général,
Exhortait ceux qui prenaient mal
Au bal,
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
L’excellent chef que c’était là !
La, la.

5

Et toi, jésuite écossais,
Brave père Alexandre,
Tu retenais, tu bénissais.
Ceux qui voulaient descendre.
Ah ! mes chers enfants, poursuivez,
Vers le ciel vous vous élevez,
Sauvés.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Le bon p’tit moin’ que c’était là !
La, la.

6

Mais la ville des Genevois
Dort comme une marmotte.
Un soldat qui dit : Je les vois,
En reçoit une botte ;
Et Charles a bientôt appris
Que les Genevois sont surpris
Et pris.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Le bon p’tit cont’ que c’était là !
La, la.

7

Trois cents étaient grimpés au haut ;
Leurs troupes se séparent ;
Vers la porte Neuve aussitôt
Ils courent, s’en emparent.
Elle allait voler en éclats,
Quand la coulisse avec fracas
Vint bas.
Oh !oh !oh !oh !ah !ah !ah !ah !
Le joli tour que c’était là !
La, la.

8

Picot. tu fus fort étonné
De ce coup de malice ;
De trois pieds s’allongea ton né.
D’un pied ton artifice.
Fuis, car tu vas, malgré ton art,
Peter au lieu de ton pétard,
Plus tard.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Le drôle d’homm’ que c’était là !
La, la.

9

Cependant, de tous les côtés
L’alarme aux clochers sonne ;
Des Genevois mi-culottés
L’arquebusade tonne.
On s’arme, on accourt au combat,
Et sans y rien voir, on se bat
En chat.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Les braves gens que c’étaient là !
La, la.

10

La Monnaie est aux ennemis.
Mais bientôt on les chasse ;
Quelques-uns ont déjà surpris
La tour de la Tartasse.
Contre eux le vieux Canal descend,
Mais, martyr, il tombe à l’instant,
Mourant.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel bon Genevois c’était là !
La, la.

11

Les Savoyards, se méprenant,
S’écriaient : Ville prise !
Partout les nôtres les chassant,
Dissipent leur méprise.
Ils sont pilés, capilotés,
Hâchés menu comme pâtés.
Fouettés.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel’ rincée ils recevaient là !
La, la.

12

Certain tailleur instrumentait,
Leur taillant des croupières,
Et Baudichon les pourfendait
Sans devants ni derrières ;
La marmite d’une drugeon
En fit passer un chez Pluton,
Dit-on.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
La bonne soup’ qu’il mangeait là !
La, la.

13

Le poste de Neuve est repris
Avec grande prouesse ;
Un canonnier qui n’est pas gris
Fait partir une pièce :
C’est le pétard, dit un lourdaud, .
Entrons ! — As—tu connu Giraud ?
Nigaud.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
La belle farc’ que c’était là !
La, la.