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mière édition revenant de droit aux personnes qui m’ont témoigné leur sympathie, puisque c’est grâce à leur concours empressé que j’ai pu m’éditer, il m’est tout à fait agréable, sans entrer dans les détails minutieux d’une biographie que, du reste, il ne m’appartient pas de faire, de les renseigner sur mes débuts et sur l’origine de quelques chansons qui ne me feront pas bien venir, je le sais, de ceux qui trouvent que tout est pour le mieux, pourvu qu’ils n’aient qu’à se laisser vivre.

Sortant de l’école ne sachant rien, entrant en apprentissage à quatorze ans et n’en sortant qu’après cinq longues années d’esclavage, de misères et de résignation ; connaissant mal mon métier, que le patron s’était peu préoccupé de m’apprendre ; n’ayant aucun goût pour ce métier, le plus insignifiant d’entre tous ; dès que je me sentis grand garçon, je voulus reconquérir mon indépendance et recommencer la vie à mes risques et périls.

C’en était fait ! Je prenais place dans les rangs des révoltés ; je m’insurgeais contre l’autorité maternelle, et à la fois contre la tyrannie et l’exploitation patronales. Je dus donc passer par trente-six métiers et bien plus de misères, — mais je n’en suis plus à les compter, — cherchant à m’instruire, à savoir ce que je n’avais pas eu le temps d’apprendre, lisant, commentant, pensant, rêvant, suant, jusqu’au découragement, sur Noël et Chapsal, me retrempant dans Musset, Flaubert, Balzac, Hégésippe Moreau, Béranger, Pierre