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de beaucoup supérieures, sont restées ignorées sinon des amis, mais du public.

Malgré les avantages que je pouvais tirer de cette offre, à une époque où j’avais à arpenter les quatre coins de Londres pour gagner ma vie et me soustraire ainsi à la condamnation à mort des conseils de guerre versaillais, je refusai nettement, ne voulant pas qu’on fît de la réclame autour de mon nom en exploitant les fonctions qu'on m’avait assignées pendant la Commune.

J’avais aussi un autre motif que tout le monde comprendra : Un volume composé d’une centaine de chansons est une espèce d'exposition. Or, lorsqu’on fait une exposition artistique, voire même industrielle, il est évident que les exposants n’y exhibent que les œuvres dont ils sont satisfaits.

Telle était et telle est encore mon opinion. Aussi, ne voulais-je pas mettre dans ce volume, quel que soit le succès qu’elles eussent obtenu, les chansons que l’on peut appeler les Chansons du morceau de pain, chansons qu’on rimaille au courant de la plume, sans effort et sans passion, sans joie et sans tristesse ; qu’on vend comme on les a faites, et qui seraient sans excuse, si elles n’aidaient à l’enfantement de l’œuvre qu’on poursuit, qu’on rêve, qu’on caresse, de l’œuvre enfin qui donne de grandes et légitimes colères, de bons battements de cœur, des heures de joie et de douleur bien intimes.

À ce sujet, qu’il me soit permis de m’étendre un peu : les deux ou trois mille volumes de cette pre-