Page:Chandor - Princesse Nichonnette, 1929.djvu/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 3 —

Majesté se mettait au lit. Il affirmait — et en cela, il montrait certes une grande sagesse — qu’on a toujours le temps d’entendre des choses embêtantes, et au surplus, il estimait qu’il est moins pénible d’entendre ces choses à la fin de la journée, quand on a l’esprit déjà embarrassé d’autres questions et d’autres soucis. Le matin, au contraire, quand on ouvre les yeux sur la belle nature, au moment où il est si facile de s’imaginer que tout va pour le mieux dans le meilleur des royaumes, il jugeait qu’il serait insupportable d’écouter ce qu’il appelait lui-même les radotages des polichinelles de son cabinet.

Or, donc, ce matin-là, Hilarion XIV était dans un état d’esprit détestable, et tandis qu’il se battait avec ses bretelles, il ruminait des pensées couleur d’encre de Chine.

Il allait enfin réussir à boutonner ses pantalons, lorsque trois coups légers furent frappés à la porte de sa chambre et une délicieuse petite camériste, du service de la princesse, montra son minois dans l’entre-bâillement de la tenture.

— Entre, petite, lui dit le roi en lâchant ses bretelles, que me veux-tu ?

— Sire, répondit la brune enfant, un petit brugnon