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Bourgogne avait produit l’effet que Nichonnette en attendait.

Enfin, vers onze heures et demie, après avoir elle-même ouvert le bal de nuit populaire avec le premier paysan qui lui tomba sous la main — telle est la coutume charmante au royaume de Boulimie — la princesse décida de se retirer avec son mari.

Elle le retrouva affalé dans le fauteuil d’osier où elle l’avait laissé, sur la grande terrasse. Il dormait à poings fermés.

— Venez, mon ami, lui dit-elle en le réveillant, je crois qu’il est l’heure de nous retirer discrètement.

— Ah ! nous allons à la pêche ? demanda-t-il, poursuivant sans doute quelque rêve intérieur.

— C’est ça même, lui répondit Nichonnette en riant, à la pêche à l’anguille !…

Et elle l’entraîna vers l’appartement qu’elle lui avait fait réserver à proximité de sa propre chambre. Quand il y fut parvenu et non sans peine, le prince revint un peu à lui. Il se rappela tout à coup qu’il était marié depuis le matin. Mais alors, la délicieuse petite femme qui était là, dans cette chambre avec lui ?…

— Ah ! mais, bon Dieu, s’écria-t-il à cet instant, c’est vrai que vous êtes ma femme !