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Puis elle sortit précipitamment pour aller pleurer à son aise toute son émotion contenue.

Nichonnette, restée seule, changea aussitôt d’attitude. Elle lança une ruade terrible dans son fauteuil, balaya d’une gifle magistrale une statuette qui se trouvait sous sa main, envoya d’un coup de pied sa babouche dans la fenêtre dont une vitre vola en éclats… Elle aurait ainsi saccagé toute la chambre mais ayant heureusement perdu l’équilibre, elle s’affala sur le tapis. Là, elle donna libre cours à sa colère.

— Bon Dieu d’bon Dieu d’sale cochonnerie d’métier !… Mais qu’est-ce que j’ai donc fait au ciel pour naître fille de roi ?… Voilà maintenant, sous prétexte que je suis princesse de Boulimie et qu’il faut sauver mon pays, voilà ma vie entière collée à celle du prince Atchoum ! Me voilà contrainte par la force des événements à jurer amour, obéissance et fidélité à ce paquet ridicule ! Me voilà obligée de vivre avec lui, de sortir avec lui, de manger avec lui, de dormir, de…

Cette perspective la fit se dresser dans un sursaut d’énergie, elle appela Wassline de toutes ses forces, puis, à bout de courage, elle se jeta sur son lit et se mit à sangloter.