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FÉLICIEN CHAMPSAUR

LETTRES D’AMOUR
(Extrait de l’Amant des Danseuses)


Ce qui suit est dépouillé d’intrigue ; comme réalité, c’est la copie exacte d’une correspondance. Rien n’a été changé, sauf les noms.

Des naturalistes ont pu, d’après quelques ossements, reconstituer un animal antédiluvien, décrire son caractère et ses mœurs ; il serait curieux ainsi, d’après ces petits billets, de deviner les détails des plaisirs et peines d’amour dont elles sont le vestige.

Les deux amants ont mis du noir sur du blanc. C’est tout ce qui reste de leur sentiment passager : pour elle passion, pour lui caprice ; car rarement existe, en amour, l’accord parfait.

Madame de Sergy, 10, rue de Monceau
Paris, 23 août, jeudi.

Méchante, je vous ai attendue. Vous êtes admirablement gracieuse. J’ai été joyeux tout le jour dans l’espérance certaine de votre venue promise.

Un mot, je vous prie, pour me donner rendez-vous. Ou plutôt je serai chez moi demain, à cinq heures. Méchante, qui êtes si gentille, venez.

À vos pieds.
Jacques de Mirande.
Vendredi.

Je n’ai fait que songer à vous.

(Sur une carte de Jacques, laissée rue de Monceau, chez Mme de Sergy.)

Maison Rose, dimanche.

Pourquoi vous être moquée de moi, hier ? Donner ce rendez-vous par ce soleil, c’est une jolie plaisanterie. Personne… Je suis dans votre jardin comme un voleur. Je ne comprends pas. Qu’est-il arrivé. Pourquoi n’avoir pas prévenu ?