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Le B hiéroglyphique, la cassolette, est perpétuellement échangé, dans les noms propres et dans les textes égyptiens, avec le céraste, qui est F ou V ; avec la caille, qui est la voyelle OU, et avec le lituus, qui est aussi un OU et un F. On attribue également au ב (beth) hébreu un son fort approchant du V.

Cela explique pourquoi, dans le copte thébain, nous trouvons indifféremment ⲁⲃⲁⲛ ou ⲁⲟⲩⲁⲛ color, ⲁⲃ ou ⲁϥ musca, caro, ⲁⲃⲟⲧ et ⲁⲟⲩⲟⲧ habitatio, ⲃⲁⲓ ou ϥⲁⲓ, ⲃⲓ ou ϥⲓ ferre, ⲃⲱ ou ϥⲱ coma, ⲃⲟⲛ ou bien ⲟⲩⲟⲛ res, ⲃⲛⲧ pour ϥⲛⲧ vermis, ⲃⲱⲧ ou ϥⲱⲧ abstergere, &c. &c.

Le nombre assez étendu de mots communs à l’égyptien et à l’hébreu, mots qui, dans les textes coptes, sont écrits par la lettre ϭ, et dans l’hébreu par un ג (ghimel), un כ (caph), ou un ק (koph), m’ont depuis long-temps suggéré l’idée que le ϭ copte, dont la prononciation n’est pas encore bien connue, répondait au ג (ghimel) hébreu, ou du moins était une consonne dont le son fut très-voisin du ג (ghimel) et du כ (caph).

Deux faits peuvent l’établir, 1.o Scholtz, auteur de la Grammaire égyptienne publiée par Woide, a déjà fait remarquer que, dans le dialecte thébain, on employait le ϭ à la place du pour transcrire des mots purement grecs, tels que Κιο, ϭⲓⲥ ; Εκκακει, ⲉⲧϭⲁⲕⲉⲓ, Δοκιμαξειν, ⲃⲟϭⲓⲙⲁϩⲉⲓⲛ[1].

  1. Grammatica Ægyptiaca utriusque dialecti, pag. 8. Oxford, 1778, in-4.o